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Par Dr Scott Buesing, médecin naturopathe
Plus nous en apprenons sur la santé intestinale, plus elle apparaît intimement liée à d’autres facettes de notre santé et de notre bien-être. Selon des publications récentes, la santé gastro-intestinale pourrait influencer la santé mentale, les maladies auto-immunes, le cancer, le diabète, les maladies cardiaques et le vieillissement. Globalement, elle semble être intrinsèquement liée à la flore intestinale, à savoir les bactéries qui peuplent le tube digestif.
Parmi les stratégies de base visant à préserver la santé intestinale et sa flore, on retrouve souvent des recommandations pour une alimentation saine et la prise de probiotiques. Les dernières recherches laissent penser que certains pourraient même intervenir pour soulager des symptômes gastro-intestinaux tels que les ballonnements, tout en contribuant à la perte de poids.
Les probiotiques sont de bonnes bactéries (ou des levures) qui se sont globalement révélées bénéfiques pour la santé et la digestion. En raison du grand nombre de types de bactéries présentes dans l’intestin, il en existe une multitude et l’on en découvre régulièrement de nouveaux. Il faut savoir que tous les probiotiques ne se valent pas. En fonction de l’espèce et de la souche de bactéries concernées, ils peuvent avoir des effets ou des bienfaits différents sur la santé.
Pour désigner les bactéries qui composent les probiotiques, on les décrit généralement par genre et par espèce. Lactobacillus acidophilus, par exemple, est un micro-organisme bénéfique de genre Lactobacillus et d’espèce acidophilus. Cependant, au sein d’une même espèce, la diversité reste importante. Pour tenir compte de ces différences, les bactéries sont encore subdivisées en souches. Par exemple, Lactobacillus acidophilus ATCC314 où ATCC314 désigne la souche.
Malheureusement, les conventions de dénomination des souches varient d’un pays à l’autre. En outre, les entreprises attribuent parfois leurs propres noms de souches, ce qui peut ajouter à la confusion.
Quoi qu’il en soit, en matière de bienfaits d’un probiotique, il vaut mieux se fonder sur des publications ayant démontré que la souche en question apporte les effets escomptés. Certains produits vendus dans le commerce précisent le nom des souches sur l’étiquette, mais pas tous, ce qui ne permet pas de bien évaluer leurs bienfaits potentiels.
Chez les personnes souffrant d’obésité, les bactéries du tube digestif (la flore intestinale) sont altérées. Ces changements se traduisent par une perte de la diversité bactérienne, un appauvrissement de la population de certains micro-organismes et une multiplication des médiateurs de l’inflammation produits par les bactéries elles-mêmes. Si les données sont quelque peu mitigées, il ressort que ces modifications peuvent parfois entraîner des symptômes de ballonnements, d’indigestion et de syndrome du côlon irritable (SCI).
Ces variations bactériennes semblent également avoir un rapport direct avec une prise de poids supplémentaire. Les modifications de la flore intestinale peuvent en effet accroître l’extraction des calories des aliments. Elles peuvent également perturber la glycémie, augmentant ainsi les risques de diabète et, par la même occasion, la prise de poids. Certaines données commencent même à laisser penser que le microbiote intestinal peut modifier l’expression des gènes de l’hôte, affectant ainsi certains aspects du stockage d’énergie (comme le volume de tissu adipeux) et de la dépense énergétique.
Des études sur les animaux ont montré que, si l’on prélève la flore intestinale d’une souris obèse et qu’on la transplante dans un autre animal, celui-ci prend du poids comme son homologue obèse. Chez l’homme, des travaux ont révélé que l’utilisation d’antibiotiques, en particulier pendant l’enfance, est corrélée à un problème d’obésité à l’âge adulte. Il est notoire que ces substances peuvent endommager le microbiote intestinal et appauvrir la diversité bactérienne. Ces résultats soulignent nettement l’influence des bonnes bactéries sur le développement et la progression de l’obésité.
L’utilisation de probiotiques pour remédier à l’indigestion et à l’obésité peut se révéler efficace. Les ballonnements sont un symptôme courant du SCI, mais ils sont également fréquents chez les personnes souffrant d’autres troubles gastro-intestinaux. Les traitements qui soulagent le SCI réduisent généralement les ballonnements.
Chez les patients aux prises avec des ballonnements, les causes sous-jacentes doivent être soigneusement évaluées avant tout traitement. Ces troubles sont souvent dus à une intolérance au lactose ou au fructose, qui peut toucher jusqu’à 50 à 60 % des personnes souffrant de troubles gastro-intestinaux fonctionnels.
Le lactose et le fructose sont deux sucres parfois difficiles à digérer. Le premier se rencontre en général dans les produits laitiers, tandis que le second se trouve en grande quantité dans le miel, certains fruits et les aliments transformés à base de sirop de maïs à haute teneur en fructose. Dans le cas d’une intolérance au lactose, l’enzyme lactase qui décompose ce dernier peut jouer un rôle bénéfique. Dans d’autres cas, il peut aussi être utile de réduire ou d’éliminer tout bonnement le fructose et le lactose du régime alimentaire.
Les ballonnements sont généralement le signe de problèmes de flore intestinale. Une récente évaluation de recherche a d’ailleurs conclu que les probiotiques multisouches peuvent aider à réduire les gaz et les ballonnements du SCI. Une autre évaluation a établi qu’un probiotique multisouche aide également à atténuer les ballonnements chez les patients souffrant de constipation. En général, les probiotiques sont tout à fait indiqués pour les patients souffrant de ballonnements.
Si la prudence est de mise dès lors qu’il s’agit de se renseigner sur les compléments alimentaires vendus pour la perte de poids, les données suggèrent que certains probiotiques peuvent être utiles. Une récente étude de 60 jours portant sur un complément de Saccharomyces boulardii DBVPG 6763 (une levure probiotique) a permis de constater ses bienfaits significatifs chez les personnes obèses. Les sujets ayant pris le complément probiotique ont maigri en moyenne de deux kilos. Ils ont également perdu de la masse grasse et amélioré leur réponse à l’insuline au fil de l’étude.
Un essai de plus longue durée sur une association de probiotiques a utilisé les souches suivantes :
Sur une période de neuf mois, les sujets ont perdu en moyenne trois kilos en prenant le complément probiotique combiné.
Chez les enfants en surpoids, une petite étude a montré qu’un complément de Lactobacillus casei Shirota pouvait être utile. Ceux ayant reçu le probiotique ont perdu 3 % de leur masse corporelle en six mois de supplémentation. Le taux de cholestérol à lipoprotéines de haute densité (« bon cholestérol ») s’est également amélioré.
Les données les plus convaincantes à ce jour proviennent d’études sur Lactobacillus gasseri (souches SBT2055 et BNR17). Utilisé comme probiotique, L. gasseri s’est révélé efficace pour diminuer l’absorption des graisses dans le tube digestif et réduire la masse grasse abdominale, tant chez l’animal que chez l’homme. Une perte de poids et une diminution du tour de taille ont aussi été observées.
Toutefois, il convient de noter que tous les essais sur les probiotiques pour la perte de poids n’ont pas toujours été couronnés de succès. Certains ont constaté une perte de poids minime, mais tout de même une diminution de la masse grasse totale, tandis que d’autres n’ont pas relevé d’améliorations significatives. Il est probable que les résultats soient influencés par la quantité et la durée de prise du complément probiotique, les souches présentes, les paramètres physiologiques et les habitudes alimentaires des sujets. La qualité des probiotiques est tout aussi importante, car certaines recherches n’ont pas permis de mettre en culture les souches de bactéries prétendument contenues dans les produits.
Si, dans certains cas, un simple probiotique peut s’avérer utile, il peut également être important de tenir compte d’autres facteurs qui agissent sur la flore intestinale pour tenter de résoudre les problèmes de ballonnements et de perte de poids. Les fibres sont des glucides non digestibles pour l’homme qui peuvent servir de nourriture aux bactéries du tractus gastro-intestinal.
Souvent appelées prébiotiques, ces fibres peuvent stimuler la croissance d’une flore intestinale saine. Chez les patients souffrant de ballonnements, la prescription de prébiotiques doit se faire avec précaution, car certains compléments de fibres peuvent aggraver les symptômes. Cependant, une supplémentation adéquate en prébiotiques sur le long terme peut être utile.
La gomme de guar partiellement hydrolysée est une fibre soluble qui a montré des bienfaits dans des études sur la réduction des symptômes du SCI, notamment les ballonnements. Par ailleurs, bien que moins bien documentée en ce qui concerne la perte de poids, en général, la recherche a donné des résultats positifs en prenant un complément de fibres solubles. Dans une étude utilisant un modèle de l’appareil digestif, il est apparu que la gomme de guar partiellement hydrolysée diminuait l’absorption des graisses. Il est évident que cette baisse peut aboutir à une perte de poids.
La gomme arabique (ou gomme d’acacia) est une autre forme de fibre soluble qui semble prometteuse comme complément pour soulager à la fois les ballonnements et favoriser l’amaigrissement. Les premières études sur les animaux ont laissé entrevoir une éventuelle perte de poids. Des travaux menés sur des souris ont montré que cet exsudat de sève réduisait la masse corporelle, la consommation de nourriture et la graisse abdominale. Chez les rongeurs soumis à un régime riche en sucres et en lipides, l’ajout de gomme arabique a fait perdre du poids tout en améliorant la glycémie et le taux de cholestérol.
Les essais sur l’homme laissent également présager des bienfaits. Une étude clinique menée chez des patients atteints de diabète de type 2 a observé une perte de graisse abdominale de 23,7 % à la suite de la prise d’un complément de gomme arabique. Une étude menée chez des femmes a constaté une baisse des indices de masse corporelle (IMC) et de la masse grasse après six semaines de supplémentation. De plus, on sait que la gomme arabique augmente la satiété après les repas, ce qui peut contribuer à réduire l’apport calorique. Cependant, de plus fortes doses ont occasionné des ballonnements passagers et des diarrhées bénignes chez certains patients.
Des études ont montré que la gomme d’acacia ne fermente pas rapidement, ce qui réduit considérablement le risque de production de gaz et les ballonnements par rapport à d’autres fibres. Elle agit également comme prébiotique, aidant ainsi à améliorer la flore gastro-intestinale, un facteur contribuant aux ballonnements.
Même si des doses élevées prédisposent à des troubles digestifs transitoires, des études ont mis en évidence une amélioration des ballonnements et du transit intestinal en cas d’utilisation à long terme. Si vous prenez un complément de gomme arabique, commencez par une faible dose, vous augmenterez progressivement suivant votre tolérance.
Les recherches montrent que les compléments probiotiques ont sans doute un réel potentiel pour soulager les symptômes du côlon irritable, notamment les ballonnements, et contribuer à la perte de poids.
Il existe aussi d’autres approches qui renforcent la flore intestinale, notamment certains compléments de fibres bien tolérés comme la gomme de guar partiellement hydrolysée et la gomme arabique. Associées à un régime alimentaire sain et complet minimisant les aliments transformés, la plupart des individus constateront probablement une amélioration de leur digestion et de leur poids.
Références :
