Les infections urinaires, aussi appelées IU, sont plus courantes chez les femmes que chez les hommes. Aux États-Unis, près de 500 000 personnes sont admises à l’hôpital chaque année en raison de complications d’infections des voies urinaires. La plus courante de ces complications est une infection bactérienne du sang. Près de 11 % des femmes aux États-Unis indiquaient avoir souffert d’une infection urinaire dans les 12 derniers mois. Il est de plus estimé qu’une femme sur deux développera une infection urinaire au cours de sa vie. À l’échelle mondiale, des dizaines de millions de femmes contractent une infection des voies urinaires chaque année.

Je reçois presque quotidiennement une ou deux patientes souffrant de symptômes liés à une infection urinaire. Ceux-ci incluent une sensation de brûlure, un besoin pressant ou très fréquent d’uriner, des douleurs lombaires et parfois même l’incontinence. Chez les personnes de plus de 65 ans, une infection urinaire peut causer de la confusion et parfois même des hallucinations, en particulier si la bactérie entre dans le sang.

Qui risque une infection ?

Il existe de nombreux facteurs de risque de développer une infection urinaire :

  • Les femmes sont plus exposées que les hommes
  • Les femmes de plus de 50 ans (après la ménopause)
  • Les personnes prédiabétiques  
  • Les diabétiques – la bactérie se nourrit de glucose. Plus une personne consomme et élimine de sucre, plus la bactérie disposera de nourriture pour se développer
  • Immunodéficience – un système immunitaire fort est nécessaire pour combattre les infections.
  • Calculs rénaux     
  • Relations sexuelles – Pour les femmes souffrant fréquemment d’infection, vider la vessie après un acte sexuel peut faciliter la prévention de l’IU.
  • Certaines pilules contraceptives, en particulier le diaphragme, peuvent contribuer aux IU.
  • L’usage d’une sonde urinaire
  • Une procédure d’urologie ou une chirurgie

Les compléments en calcium augmentent-ils le risque d’infection urinaire ?

Une étude publiée dans Urological Research suggère qu’une forte consommation de calcium peut augmenter le risque d’infection des voies urinaires. Dr Alan Gaby, dans Nutritional Medicine, 2e édition, recommande à toute personne ingérant jusqu’à 1500 mg de calcium par jour de répartir la dose en deux ou trois prises. Dr Gaby conseille aussi de prendre du magnésium avec le calcium pour diminuer le risque. Dose suggérée : 500 mg de calcium une à deux fois par jour

Bactéries responsables des infections urinaires

Escherichia coli est responsable de 80 à 90 % des infections urinaires. La plupart des bactéries E. coli sont totalement inoffensives lorsqu’elles sont dans l’intestin. Cependant, si la bactérie pénètre dans l’urètre, elle peut causer une infection urinaire.

Les bactéries susceptibles de causer une infection urinaire incluent aussi Klebsiella, Enterobacter, Enterococcus, Proteus, Pseudomonas, Staphylococcus, Streptococcus, Serratia et la levure Candida.

Médicaments courants pour traiter les infections aiguës

  • Céphalosporines – Cephalexin (Keflex) entre autres
  • Trimethoprim-sulfamethoxazole  (Septra, Bactrim)
  • Nitrofurantoïne (Macrobid)
  • Quinolones (ciprofloxacin, levofloxacin)

Six manières d’éviter les infections

  1. Porter des sous-vêtements en coton
  2. Boire beaucoup d’eau quotidiennement
  3. Boire du jus de canneberge quotidiennement pour diminuer la fréquence des IU
  4. Ne pas retenir son urine pendant de longues périodes
  5. S’essuyer d’avant en arrière pour éviter que des bactéries de la région anale n’entrent en contact avec l’urètre
  6. Il est recommandé aux femmes d’uriner après une relation sexuelle pour diminuer le risque d’infection

Médicaments sous ordonnance pour les infections urinaires

  • Methenamine hippurate – Une étude de 1996 révélait que la méthénamine pouvait être utile dans la prévention des infections. Une étude de 2014 arrivait à des conclusions similaires.
  • Certaines femmes présentant des risques d’IU après une relation sexuelle prennent une dose ponctuelle d’antibiotique à des fins préventives.
  • Thérapie hormonale – Le remplacement d’œstrogène par voie orale ou vaginale peut être utile aux femmes ménopausées. Consultez votre médecin pour aborder les risques et les bénéfices de ce traitement.

Principaux compléments

Les compléments les plus courants pour prévenir une infection urinaire sont la canneberge, la D-mannose et la vitamine C.  Si ceux-ci sont insuffisants, certaines personnes y ajoutent des compléments secondaires abordés ci-dessous.

Canneberge

Les compléments de canneberge peuvent aussi être utiles dans la prévention des infections des voies urinaires et sont économiques, comme le révèle une étude de 2014 publiée dans Clinical Infectious Disease. Une étude de 2013 parue dans Nutrition Research confirme l’efficacité des compléments de canneberge pour prévenir la récurrence des infections urinaires chez les personnes à risque. Une étude de 2014 publiée dans le Journal of the American Geriatric Society indiquait que les personnes âgées présentant un risque élevé et vivant dans des maisons de retraite avaient 26 % moins de chances de souffrir d’une infection s’ils ingéraient un complément de canneberge. Les molécules contenues dans la canneberge aident en particulier à empêcher les bactéries E. coli d’adhérer à la paroi de la vessie. Dose suggérée : Selon indication sur la notice.

D-mannose

Une étude de 2014, utilisant un mélange de D-mannose, canneberge et Lactobacillus probiotique, en montrait les bénéfices dans la prévention des infections urinaires. Une étude de 2017 parue dans le journal In Vivo indiquait que l’association de NAC, D-Mannose et Morinda (NDM) contribuait à la prévention des infections urinaires. Une autre étude publiée en 2014 dans The World Journal of Urology concluait que la D-mannose réduisait fortement le risque de récurrence des infections urinaires. Dose suggérée : 1500 mg une à trois fois par jour.

Vitamine C

Une étude de 1997 publiée dans Urology montrait que la vitamine C pouvait être efficace pour l’élimination des bactéries dans l’urine. Une étude de 2007 démontrait que les femmes enceintes prenant au moins 100 mg de vitamine C par jour avaient 56 % moins de chances de contracter une infection urinaire que celles qui ne prenaient pas de vitamine C. Dose suggérée : 500 -1000 mg une à deux fois par jour.

Compléments secondaires

Mélatonine

Sécrétée par la glande pinéale durant la nuit, la mélatonine est une hormone qui facilite le sommeil. Certaines personnes connaissent ses effets en prenant des compléments à base de mélatonine. Et tandis qu’elle aide de nombreuses personnes à trouver le sommeil, elle peut aussi aider à prévenir les infections urinaires, comme le conclut une étude de 2015.   Dose suggérée : 3 à 10 mg par nuit.

Vitamine D

Des études montrent que la vitamine D possède des propriétés antibactériennes. Lorsque son taux dans le sang est adéquat, le corps produit une protéine appelée AMP (peptide antimicrobien). L’AMP empêche les infections bactériennes et pourrait être efficace contre les infections urinaires, comme le suggère une étude parue en 2017 dans Frontiers in Microbiology. Dose suggérée : 2000 à 5000 UI par jour.

L-arginine

La L-arginine est un acide aminé important dans la transformation de l’oxyde d’azote (NO). L’oxyde d’azote possède des propriétés antimicrobiennes et pourrait donc être utile dans la prévention des infections urinaires. Dose suggérée : 500 à 1000 mg une à deux fois par jour.

Probiotiques

Certaines études révèlent que les personnes ingérant régulièrement des probiotiques peuvent réduire le risque d’infection urinaire. Une étude de 2011 sur des femmes utilisant un complément probiotique vaginal en montrait les bénéfices dans la prévention des infections urinaires. Une étude de 2013 suggérait que le Lactobacillus pouvait prévenir les infections urinaires. D’autres études n’arrivaient cependant pas aux mêmes conclusions. Une étude de 2015 concluait sur l’insuffisance de preuves de l’efficacité des probiotiques. Dose suggérée : 5 à 100 milliards d’unités jusqu’à deux fois par jour.

Je recommande néanmoins aux personnes prenant des probiotiques quotidiennement à des fins préventives,ou sous traitement antibiotique suite à une infection aiguë de consommer un complément probiotique. Cela évitera au moins les diarrhées provoquées par les antibiotiques ainsi que les candidoses, tout en favorisant la santé de la flore intestinale.

Herbes

Les herbes sont utilisées depuis des milliers d’années dans différents remèdes de santé. Les scientifiques découvrent chaque jour leurs bénéfices.

Morinda Citrifolia

Cette plante médicinale est utilisée depuis des milliers d’années par les spécialistes en médecine chinoise traditionnelle. On estime que cette plante contient plus de 100 ingrédients actifs. Une étude de 2017 révélait que le mélange de D-mannose, NAC, et Morinda était efficace dans la prévention et le traitement des infections urinaires chez les femmes.

Berberine

Selon une étude de 2016 parue dans Microbiological Research, la Berbérine est efficace pour l’élimination d’une bactérie (Enterococcus) couramment à l’origine des infections urinaires. Dose suggérée : Suivre les consignes de la notice.

Ail

L’ail est une plante connue pour ses propriétés antibactériennes. La consommation régulière d’ail est une option souvent envisagée pour les personnes souffrant d’infections urinaires fréquentes. Le principe actif de l’ail responsable de ses propriétés antibactériennes est l’allicine, comme l’indique une étude de 1988. Dose suggérée :  Selon indication sur la notice.

Uva-Ursi

Aussi appelée raisin d’ours, cette plante a été approuvée par l’Autorité Fédérale allemande pour les médicaments et appareils médicaux dans le traitement des inflammations des voies urinaires et est délivrée sur ordonnance en Allemagne. D’autres études en ont aussi montré les bénéfices. Dose suggérée :  Comme indiqué sur la notice

D’autres plantes dont l’efficacité dans la prévention et le traitement des infections urinaires a été prouvée scientifiquement incluent l’hydraste du Canada, la myrtille, le thé vert, la curcumine, la rhodiola et l’Andrographis

Les infections urinaires peuvent être évitées

Les infections des voies urinaires (IVU) sont l’une des infections les plus courantes chez les femmes. La majorité d’entre elles sont causées par la bactérie E. coli. Plusieurs mesures peuvent être prises pour éviter les infections, et les infections aiguës exigent souvent le recours à un traitement antibiotique. Les stratégies discutées sont souvent appliquées pour empêcher le développement d’une infection. Le système immunitaire est renforcé par une grande consommation de liquides et, un régime alimentaire sain et une humeur optimiste. Mangez sain, ayez des pensées saines, vivez de manière saine.

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